Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 7.djvu/676

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

chelieu, tant pour ses bonnes qualités, et pour les grands services qu’il rendait ã l’État, que pour l’alliance qu’il avait avec le maréchal de Brezé, à cause de Jeanne de Brezé, son épouse. » On avait prétendu que le chagrin qu’il ressentit, en 1632, de la mort de sa femme, lui avait fait perdre la parole pour toute sa vie. Bayle a réfuté cette fable, qu’un abbé Deslandes fit insérer, en 1693, dans le Mercure galant. Charnacé fut un des plus habiles négociateurs de son temps. L’ancien évêque de Troyes, Bouthillier, avait dans sa bibliothèque huit recueils de mémoires, de minutes de lettres, de dépêches du baron

de Charnacé, et de lettres qui lui furent adressées, depuis 1623 jusqu’en 1637, par le cardinal de Richelieu, le P. Joseph du Tremblay, capucin, si étrangement mêlé dans les affaires du gouvernement ; par Sublet-Desnoyers, secrétaire d’État, et par Léon de Bouthillier, comte de Chavigny, surintendant. Tous ces recueils forment 10 vol. in-fol. On conserve à la bibliothèque royale un autre recueil de Lettres des sieurs de Charnacé, Brassel et de la Thuillerie au sieur de Rorté, employé pour le service du roi, en Allemagne, Suède, Pologne et Danemark, depuis 1633 jusqu’en 1643, manuscrit in-fol.


CHARNAGE. Voyez Dunoir.


CHARNES (Jean- Antoine de), doyen du chapitre de l’église collégiale de Villeneuve-lez-Avignon, né dans cette ville en 1611, se fit, par les agréments de son esprit comme homme du monde, et par son talent comme écrivain, une réputation qui pénétra jusqu’à la cour. Après avoir dirigé l’éducation d’un fils de Louvois, il fut un moment destiné à présider à celle d’un prince, probablement de la maison de Conti ; mais on sut qu’il avait une grande part aux Nouvelles de l’ordre de la Boisson, espèce de gazette pleine de sel et de gaieté, et que le goût le plus délicat n’aurait pas toujours désavouée, publiée dans les premières années du 18e siècle par une association d’hommes aimables, dont il était un des membres les plus distingués ; et comme c’était dans la vieillesse de Louis XIV, époque où l’on se piquait de dévotion et d’austérité, on trouva trop peu de gravité dans l’auteur de ces feuilles badines pour en faire le précepteur d’un enfant du sang royal. L’abbé de Charnes avait débuté par un ouvrage intitulé : Conversations sur la princesse de Clèves, 1679, in-12. Cet écrit s’était fait remarquer par le mérite du style et par la finesse de la critique ; mais la production qui a fait le plus d’honneur à l’abbé de Charnes, c’est la Vie du Tasse, Paris, 1690, in-12, réimprimée la même année en Hollande. « C’est, dit Bayle, un ouvrage très-curieux. » Il paraît se recommander, en effet, par l’exactitude des faits, par l’intérêt de la narration, par une juste appréciation du génie du grand poete qui en est le sujet, par d’heureux rapprochements de ses ouvrages avec ceux des grands maîtres de l’antiquité, et par la connaissance approfondie de la littérature italienne : mais cette vie n’est, au fond, qu’un abrégé de celle que le marquis J.-B. Manso, ami du Tasse, a écrite en italien. L’auteur n’avait d’abord en dessein de composer que l’histoire du démêlé du Tasse avec l’académie de la Crusca ; mais il conçut ensuite cet ouvrage sur un plan plus étendu, dans lequel il embrasse, comme le Manso l’avait fait, toutes les circonstances de la

vie du poète. De Charnes avait aussi entrepris une traduction de Claudien. François Graverol lui dédia sa Dissertation sur la Vénus d’Arles. L’abbé de Charnes mourut le 17 septembre 1728.


CHARNIÈRES (os), ne au commencement du 18e siècle, est auteur des trois ouvrages suivants : 1’ Mémoire sur l’observation des longitudes en mer, publie par ordre du roi, Paris, 1767, in-8°. Endrieaces sur les longitude : /’ailes rl la mer sa 1767 et 1768, publiées par ordre du roi, Paris, 1768, in-8°, fig. : on y trouve la description du megametre, instrument pour mesurer en mer les distances de la lune aux étoiles. C’est un ’ de Phéliometre de Bouguer. 5° Théorie sl pratique des losgilsdss en nier, Paris, 1772, in-8°. G’est encore une description du mégametre, avec de nouveaux développements. De Charnières fut le premier qui, ayant reçu des instructions de Veron, prstiqua avec succèsla méthode des longitudesen merparle moyen de la lune. Il mourut peu de temps après la publication de son mémoire. Z.


CHARNGCK (Jean), né en 1736, étndia au collége de Winchester, sous la direction de Joseph Warton, qui le regardait comme son fils. Ayant passé à l’université d’Osford, il signals son goût pour la poésie par beaucoup de pièces fugitives, qui parurent dans les journaux du temps, et parmi les quelles on remarque seslšssois politiques, écrits, pendant la guerre d’Amérique, dans l’esprit d’opposition qui animait généralement les jeunes gens à cette époque. Quelques désagréments lui Ilrent quitter l’université, et il s’appliqua avec ardeur a l’étude de h tactique navale et militaire. Après avoir appris sur ce sujet tout ce qui pouvait s’apprendre dans le cabinet, jaloux de fortifier ses études par la pratique, il demanda s ses parents la permission d’entrer au service. Cette permission lui étant refusée, il entra comme volontaire au service delanarine, et perditparlåsespreteationsåune tiortune considérable, dont il était l’héritier naturel. Il quitta le service lorsqu’il n’eut plus rien à y apprendre ; et, rentre dans ses loyers, il chercha dans les productions de sa plume un moyen de vivre. Son désintéressement fentratna dans de grands embsrras pécuniaires, et il mourut de misère et de chagrin, en 1807. Ses ouvrages, on l’on trouve du savoir, des recherches etun bon esprit, ne se distinguent pas beaucoup par le mérite du style ; ce sont principalement : 1° les Droits Jun peuple libre, 1792, in-8°, où il prend ironiquement le ton démocratique que prenait alors certains écrivains politiques : on y trouve une excellente esquisse historique de l’origine et des progrès de la constitution anglaise. 2’ Biographie nnoalis, 6 vol. in-8°, dont le 1" parut en 179-1. 5’ Histoire de lïsrehiteelure meule, 1802, 5 vol. in-4°, ouvrage orne d’un grand nombre de belles gravures. 4° Une Vie de lord’ Nelson, 1806, 1 vol., enrichie de lettres originales et tics-curieuses de cet amiral célèbre. X—s.