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monument pyramidal élevé par le prince de Guise, en l’honneur de Léopold. 8° Le portique de l’hôtel de Gerbévillier, à Nancy. 9° Une Vénus. 10° Mausolée de M. le Bègue, à St-Dié. 115 Le mausolée de M. Dufort, dans la même ville. 12° Le tombeau de M. de Ludres, à Ludres. 13° Les bustes de Charles V, de Léopold et de S. A. B. Madame. 14° Quelques figures sculptées sur la montée qui conduisait à l’église des chanoines de St-Dié. 15° Le Christ formant le devant d’autel de la chapelle ducale, dans l’église des cordeliers, de Nancy ; et diverses autres compositions remarquables. Presque tous les ouvrages de Chassel ont été exécutés en marbre blanc ou en pierre de Savennières, et dans de grandes dimensions. C’est sur ses dessins, faits par ordre du duc Léopold, que Sébastien Leclerc, ami et compatriote de Chassel, a gravé les batailles de Charles V, destinées a orner l’ouvrage que le P. Hugo devait écrire sur sa vie aventureuse et guerrière. Des raisons de politique ayant mis obstacle à l’exécution de ce projet, Leclerc conserva les planches dont Chassel corrigeait les épreuves au moment de son décès, arrivé le 5 octobre 1752.


CHASSELOUP-LAUBAT (François, marquis de), général du génie, naquit à St-Sornin près de Marennes (Charente-inférieure), le 18 août 1754, d’une famille noble, distinguée dans la carrière des armes, qui en 1628, après le siège de la Rochelle, rentra dans le sein de l’église catholique. Jean-Nathanaël de Chasseloup-Laubat, né en 1660, s’était fait remarquer dans les campagnes de Flandre sous le maréchal de Luxembourg. Il eut une jambe emportée à Nerwinde en 1695, et Louis XIV lui donna de sa main la croix de St-Louis à la création de cet ordre.

— Son fils, Jean de Chasseloup-Laubat, né en 1711, se distingua, sous le maréchal de Saxe, à Fontenay, à Raucoux, à Lawfeld ; et il fut blessé à chacune de ces trois batailles. Héritier de la valeur de ses ancêtres, François de Chasseloup-Laubat dut suivre la même carrière. Il entra dès l’âge de seize ans à l’école de Mézières, d’où il sortit pour être lieutenant d’artillerie. C’est en 1774 qu’il fut reçu dans le corps du génie, pour lequel il avait une vocation spéciale. Il était officier supérieur dans cette arme lorsque la révolution éclata. Il en adopta les principes, et refusa d’émigrer, malgré les pressantes sollicitations qui lui en furent faites. En 1792, lors de l’invasion des Prussiens, il était employé à l’armée du centre, et il se jeta volontairement dans Montmédy, où, tandis que le sort de la république se décidait dans les plaines de la Champagne, il se fit remarquer par la défense d’une place importante. Après la retraite des Prussiens, il fit raser les fortifications construites à la hâte à Longwy, dont la reddition, après quelques heures de canonnade, avait jeté tant d’épouvante dans Paris. Dans le mois de juillet 1793, l’armée française ayant marché sur Arlon ou les Autrichiens avaient rassemblé des forces considérables qui menaçaient Longwy et Montmédy, Chasseloup, qui ne faisait pas partie de cette armée, s’y joignit spontanément. Ses connaissances locales, les mesures qu’il proposa, contribuèrent tellement au succès de la bataille, que sur-le-champ même les représentants du peuple voulurent le nommer général ; mais lui, dont tous les travaux avaient constamment eu pour but un art qu’il aimait avec passion, refusa un grade qui l’aurait forcé de sortir de son arme[1], et ne voulut accepter de l’avancement que dans son corps. Au siège de Maëstricht, que l’armée de Sambre-et-Meuse fit en 1791, Chasseloup commandait l’attaque principale. Il parvint à placer sur la rive droite de la Meuse une batterie qui labourait dans toute son étendue le front contre lequel il dirigea son attaque. Les assiégés, se voyant ainsi pris par leur flanc, demandèrent à capituler, et Chasseloup fut récompensé de la part qu’il avait prises cette conquête par le grade de colonel du génie. Appelé devant Mayence en 1795, il fut d’abord chargé de l’attaque du centre, et ensuite du commandement de tous les travaux du siège. L’année suivante l’Italie devint le théâtre des opérations les plus importantes, et dès son début le jeune général qui y commandait fixa les regards de l’Europe. Ses manœuvres furent d’une telle promptitude, que le chef du génie appelé à le seconder dut être doué d’une extrême activité, d’un coup d’œil aussi juste que rapide, pour embrasser, deviner en quelque sorte ses pensées. Chasseloup, qui, dans ces immortelles campagnes de 1796 et 1797, commandait le génie, sut montrer à quel point il réunissait ces brillantes qualités. Ce fut surtout au passage du Pô qu’il se fit d’abord remarquer. Il dirigea ensuite le siége de la citadelle de Milan, et commença celui de Mantoue, défendue par 200 bouches à feu et deux cents hommes de garnison. Pour assiéger cette place, l’une des plus fortes de l'Europe, les Français ne disposaient que de 8 000 hommes, et ils n’avaient aucune artillerie de siège. Cinquante piéces de canon, trouvées dans Tortone et dans les postes abandonnés de la rive droite du Pô, furent trainées devant Mantoue. Chasseloup ouvrit la tranchée à cent toises des palissades, et, malgréla faiblesse des moyens mis a sa disposition, il allait se rendre maître de la place, lorsque Wurmser, a la tête de 50 000 Autrichiens, parut sur le Montebaldo, et Bonaparte, forcé de réunir ses troupes pour lui résister, fut obligé de faire lever le siège et de se contenter d’un simple blocus. C’est après avoir été cité plusieurs fois pendant le cours de cette campagne, pour les services qu’il rendit dans les batailles de Lonato, de Castiglione, de Rivoli, d’Arcole, où il fut renversé prés du général en chef, que Chasseloup fut nommé général de brigade du génie. Malgré tant de victoires, la paix ne pouvait être conquise qu’au sein même de la monarchie autrichienne ; mais pour y parvenir il fallait se rendre maitre du Tyrol, et franchir les Alpes Noriques ; c’était la première fois que des armées françaises pénétraient dans ces contrées. Il fallait donc y reconnaître le cours des fleuves, les gorges des montagnes, déterminer les positions

  1. Il fut à cette époque jeté dans un cachot pour avoir sauvé la vie à un émigré ; l'échafaud allait être sa récompense, lorsque tous les habitants de Longwy se souvinrent des services qu’il leur avait rendus, et l'arrachèrent à une mort certaine.