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pamphlet satirique, où Pope est particulièrement très-maltraité[1].


CONCHILLOS FALCO (Jean), peintre et graveur, né à Valence en Espagne, dans l’année 1611, apprit les éléments de la peinture d’Étienne Marc, et se rendit à Madrid pour se perfectionner. Palomino Velasco y fut son guide et son ami. Le zèle dont il était animé lui fit concevoir le projet de créer une académie de peinture dans sa ville natale. Il s’y rendit, et n’ayant trouvé aucun secours pour réaliser son projet, il ne laissa pas de former dans sa propre maison une école où il dessinait lui-même tous les sous, et donnait des leçons aux personnes qui vouaient profiter de ses talents et de ses conseils. Il fit plusieurs tableaux pour les villes de Madrid, Valence, Murcie, etc. Il éprouva dans les dernières années de sa vie une attaque de paralysie qui le rendit bègue, et peu de temps après il perdit la vue, et succomba en 1711 aux malheurs auxquels il fut exposé par suite des événements de la guerre de la succession.

L-ie.


CONCHYLIUS. Voyez Coquille.


CONCINA (Daniel), fameux théologien de l’ordre de St-Dominique, naquit vers l’année 1686, dans le Frioul, sur une des terres des seigneurs Savorani, nobles vénitiens. Il prit l’habit monastique en 1708, consacra toute sa vie à la prédication et aux lettres, joua un rôle très-actif dans les disputes théologiques qui agitèrent l’Italie vers le milieu du dernier siècle, obtint la confiance de Benoit XIV, dont plusieurs décisions importantes furent prises sur ses avis, et mourut à Venise, le 21 février 1756. Son humilité l’éloigna des charges et des dignités de son ordre ; il avait un esprit juste, étendu, une imagination vive et féconde, une vaste érudition. Il se montra constamment l’ennemi des casuistes relâchés, et les journalistes de Trévoux le peignirent comme un déclamateur, plus accoutumé à parler beaucoup qu’à bien parler. Il a composé plusieurs ouvrages, les uns en italien, les autres en latin. Les principaux sont : 1° Disciplina aposlolica monastica, Venise, 1759, in-4o ; 2° della Storia del probabilismo e del rigorismo, dissertazioni, con la difesa, Lucques, 1745, et Pesaro, 1745, 4 t. in-4o. Concina expose les subtilités des probabilistes modernes, et les combat en leur opposant les principes fondamentaux de la théologie chrétienne. Il divise l’histoire du probabilisme en quatre époques, dont la première commence en 1577, la seconde en 1620, la troisième en 1656, et la quatrième en 1690. Cet ouvrage fut vivement attaqué par les jésuites Vital, Ghezzi, Lecchius, Bovius et Richelmi. 5° Commentarius in rescriptum Benedicti XIV de jejunii lege, Venise, 1745, in-4o*. Concina publia deux autres écrits sur le jeûne, sujet alors fortement controversé entre Montegazzi, les abbés Capelloti et Cazali, le célèbre Muratori, Carbonara, le P. Brignolle, etc. 4° Usura con tractus trini dissertationibus histor. theolo. demonstrata, adversus mollioris ethices casuistas, Rome, 1746, in-4o. Concina écrivit ce livre conu-e le savant traité du’marquis Maffei, dell’Impiego del danaro, publié en 1744. Le pape avait établi en 1745 une congrégation de cardinaux, de prélats et de religieux de différents ordres, parmi lesquels se trouvait le P. Concina ; cette congrégation fut chargée de parcourir toute la tradition et de fixer avec précision le dogme constamment reçu dans l’Église sur l’usure. Concina s’attache à prouver l’usure du triple contrat, et défend la letu-e circulaire sur l’usure, que Benoît XIV écrivit à tous les évêques d’Italie. 5° Theologia christiania dogmatico-moralia, 1746,12 vol. in-4o. Cette théologie, quoique un peu diffuse, est estimée dans les écoles d’Italie, et les jésuites l’attaquèrent sans succès. 6° De Spectaculis theatralibus, Rome, 1752, in-4o, contre le marquis Scipion Maffei et le P. Bianchi, cordelier : l’un et l’autre prétendaient que la comédie n’est défendue que lorsqu’elle flatte ou irrite les passions. 7° De Sacramentali Absolutione impertienda aut differenda recidivis consuetudinariis, 1755. Cette dissertation a été traduite en français sous ce titre : Traité du délai d’absolution, 1756, in-12. Cette traduction est précédée d’un éloge historique de l’auteur et du catalogue de ses ouvrages. 8° Explication de quatre paradoxes qui ont été en vogue dans notre siècle, traduite par le P. Dufour, Avignon, 1751, in-12 ; l’original italien, dédié au cardinal Quirini, fut imprimé à Lucques en 1746. Les ennemis de Concina lui donnaient la dénomination de Pascaliste, et l’accusaient : 1° d’être chef de la secte des rigoristes ; 2° de relever mal à propos et sans discernement les erreurs de ses adversaires ; 3° d’être sans charité et de publier tout le mal qu’il savait des personnes qui pensaient autrement que lui ; 4° d’être un esprit inquiet et qui ne cherchait qu’à exciter des disputes et à troubler la paix de l’Église. Ce sont ces quatre accusations que le P. Concina traite de paradoxes dans son livre, et dont il entreprend de se justifier. On a encore du P. Concina la Vie du cardinal Ferrari, dominicain ; un Traité de la religion révélée, contre les athées, les déistes, les matérialistes et les indifférents, Venise, 1754, in-4o ; neuf Lettres sur la morale relâchée, des Mémoires historiques sur l’usage du chocolat les jours de jeûne, Venise, 1748, et Lucques, 17-19, in-8o, etc. Sandelius fit imprimer à Brescia, en 1767, in-4o, une vie du P. Concina, intitulée : de Danielis Concinæ vita et scriptis Commentarius. —Nicolas Concina, frère de Daniel, embrassa aussi l’institut de St-Dominique, enseigna la philosophie et la théologie, remplit avec succès, depuis 1752, pendant seize ans, la chaire de métaphysique dans l’université de Padoue, se retira à Venise pour rétablir sa santé, et mourut dans cette ville en 1765. On a de lui plusieurs ouvrages : 1° Synopsis tertiæ partis metaphysicæ, hoc est, theologiæ naturalis, in-4o ; 2° Origines et fundamenta et capita prima delineata juris naturalis et gentium ; 5° Juris

  1. Concanen restera peut-être moins connu par ses propres écrits que par une lettre qui lui fut écrite par Warburton, et que Malone a publiée le premier dans son Supplément à Shakspeare, vol. 1er, p. 222. Elle fait connaître qu’en 1726 Warburton, alors procureur (attorney) à Newark, était ami intime de Concanen, et qu’ils travaillaient de concert à rabaisser la réputation et à déprécier les talents de Pope. En 1724, Concanen publia un volume de poésies diverses (Miscellaneous Poems) originales, et traduites par lui et par d'autres écrivains.
    D-z-s.