Page:Michaud - Le printemps d'un proscrit, 1803.djvu/107

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Pourquoi donc, ô soleil ! Ta clarté renaissante
Porte-t-elle aux cités le trouble et l’épouvante ?
Ton absence avoit mis une trève à leurs maux ;
Mais l’aurore déjà rappelle les bourreaux ;
Et, ramenant encor les terreurs de la veille,
Le jour vient réveiller le crime qui sommeille.
J’entends par-tout le bruit des tambours menaçans ;
Je vois se relever les échafauds sanglans.
La tendre épouse, hélas ! Qui gémit d’être mère,
Arrose de ses pleurs sa couche solitaire ;
Et ses fils, son époux, qu’elle demande en vain,
De ce jour qui nous luit, ne verront pas la fin. »
La guerre et tous ses maux, présens à ma pensée,
Sembloient peser alors sur mon ame oppressée ;
Et l’aride rocher se mouilloit de mes pleurs.
Mais le soleil, des monts franchissant les hauteurs,
Dans le ciel du printemps dissipant les orages,
M’offroit un dieu caché dans l’azur des nuages.