Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/165

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attenante à ce monument était devenue le couvent des missions, habite parades disciples de François d’Assises. Une des choses curieuses des derniers temps, c’était de voir la tour d’Andronicus appartenant aux derviches ; et la lanterne de Démosthènes aux capucins. Le couvent des missions a été détruit de fond en comble ; au milieu des ruines qui couvrent la terre, on aime à se ressouvenir que lord Byron reçut en ce lieu l’hospitalité. C’est là qu’il demeura pendant tout tout le temps que dura son séjour à Athènes. Quelques voyageurs qui l’y ont vu, racontent encore comment le noble lord vivait dans l’asile pieux qu’il s’était choisi, n’ayant pour commensal qu’un pauvre cénobite. Tantôt il se moquait du compagnon de sa solitude ; tantôt il écoutait les saintes paroles du missionnaire avec la docilité d’un enfant. Rien n’égalait l’inconstance de son humeur, la mobilité de son esprit, la rapidité avec laquelle il passait d’un sentiment à un autre. On le voyait tour à tour dévot, superstitieux, incrédule, pleurant au seul nom de l’humanité, dévoré par une sombre misanthropie. Les méditations de la mort, mêlées à toutes les petitesses de la vanité, les amusemens et les jeux de l’enfance, les inspirations du génie, quelquefois les orgies de la débauche, remplissaient ses nuits et ses journées. Tandis qu’on se demandait dans notre Europe quels nouveaux poèmes il allait publier, on citait dans la ville de Platon et de Socrate ses contradictions, ses caprices, ses