Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/229

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blasphémateur est conduit devant le mutzelin ; celui-ci l’interroge et le fait conduire eh prison, en disant qu’il est fou ou qu’il est ivre ; dans la prison, je jeune Grec poursuit ses outrages contre le Coran et ses disciples ; on le conduit de nouveau devant le mutzelin, qui fait appeler le cadi ; la populace turque demande sa tête, et, conformément à la loi musulmane, sa condamnation est prononcée. La sentence a été exécutée en présence d’une multitude immense de peuple. Cette malheureuse affaire a duré plusieurs jours, sans qu’il se soit présenté personne pour remettre l’esprit au jeune insensé, et lui imposer un silence qui n’aurait compromis ni sa vie ni sa foi. Un grand nombre de Grecs assistaient à l’exécution ; quelques-uns, bravant les gardes et la police turque, ont voulu recueillir le sang de la victime, ou se procurer quelques lambeaux de ses vêtemens. Le calendrier grec s’est trouvé avoir un saint de plus ; on a crié au martyre, tandis qu’on aurait dû crier à l’ignorance et à l’aveugle fanatisme. La conduite des papas dans cette circonstance est d’autant plus répréhensible, qu’une scène comme celle que je viens de décrire, peut compromettre l’exercice même de la religion grecque et la liberté de tous ceux qui la professent dans la ville de Smyrne.

Nous avons su les catastrophes sanglantes dont cette ville fut le théâtre, lorsque la révolution de la Grèce éclata ; depuis long-temps les haines fana-