Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/237

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En sortant du jardin d’Osman Effendi, j’ai été conduit chez un des ayans de la cité. Si ce n’est pas lui, m’a-t-on dit, qui gouverne là ville, il ne s’en faut pas de beaucoup ; il demeure dans la ville haute, séjour de la bonne compagnie des osmanlis. Sa maison, quoique bâtie en bois, annonce une certaine magnificence ; nous sommes entrés dans une grande salle, bien aérée, et de toutes parts ouverte aux rayons du jour. Un divan, recouvert d’étoffes de soie, s’étendait sur trois côtés de l’appartement. Dans un des coins était assis un vieillard d’une figure vénérable ; c’était l’ayan que nous venions visiter ; il nous a invités par un signe à venir prendre place auprès de lui. Quand la cérémonie du café a été terminée, nous avons échangé quelques complimens je lui ai fait dire par la personne qui me présentait, que j’étais charmé de voir un homme qui s’occupât des intérêts du peuple ; il m’a répondu en homme qui n’était pas bien pénétré du bien qu’il faisait. Allah nous ordonne, a-t-il dit, de faire aux hommes tout le bien qui dépend de nous ; or il est bon que vous sachiez que les ayans chez les Turcs sont des espèces d’officiers municipaux que la loi a institués, pour que les intérêts des communes ne soient pas sacrifiés aux intérêts du fisc ; rien n’est plus populaire que les lois turques, il ne manque à ces lois que l’exécution ; il arrive souvent que les institutions les plus libérales disparaissent devant un aga ou un mutzelin qui se dit l’om-