Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/24

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et de lancer dans, l’air du soufre, du bitume, et des roches brûlantes, et la mer était immobile, les étoiles brillaient silencieusement sur nos têtes, tout paraissait en repos dans la nature excepté le Stromboli.

Ayant la tombée du jour, nous avions pu découvrir plusieurs des îles de Lipari ; une de ces îles appelée Vulcano ressent encore de temps à autre des secousses volcaniques. L’histoire naturelle a tenu registre de ces sortes de révolutions dont la dernière a eu lieu en 1786. Depuis ce temps, aucune détonation ne s’est fait entendre ni dans le Vulcano, ni dans les îles voisines, qui tour à tour ont vomi autrefois des torrens de flammes, et qui maintenant restent là comme des canons encloués sur un champ de bataille.

Aujourd’hui 29, nous avons eu toute la matinée la montagne de Stromboli à notre droite. D’autres tableaux se sont offerts à nos regards ; les rivages de l’ile nous ont apparu couverts de vignes, d’oliviers et de moissons ; on y découvrait des plantations de coton, des jardins, des maisons de plaisance, des bergers conduisant des troupeaux de chèvres ; une petite ville même est bâtie sur le côté nord-est du volcan. Cette sécurité, ces travaux, ces plaisirs, si près d’un cratère enflammé, donnent d’abord quelque surprise ; mais on est un peu moins étonné, lorsqu’on songe à ce qui se passe dans nos sociétés que les révolutions menacent