Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/284

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chés avec nos vêtemens sur des nattes, poudreuses et déchirées.

Peu de temps après, tandis que tout le monde était en repos, je me suis levé, ne pouvant plus supporter les attaques de mille insectes, ennemis sommeil, et j’ai porte mes pas autour de notre cabane, dont la lune blanchissait le toit. Des bœufs et des vaches étaient répandus çà et là sans gardiens, et quelques cigognes, qui avaient replié la tête sous leurs ailes, dormaient immobiles sur les huttes de Devedi-Keui. Au milieu du calme de cette belle nuit, j’ai entendu, à une certaine distance, le flageolet d’un berger, et ces rustiques sons, mêlés au tintement des sonnettes du troupeau, semblaient comme des voix mélancoliques répandues dans les airs. À deux heures du matin, bien avant l’aurore, j’ai réveillé toute la caravane, et à trois heures nous étions en route.

À une demi-heure au-delà de Devedi-Keui, nous avons passé une petite rivière dont on n’a su me dire le nom. Le jour allait paraître, et nous entendions encore le cri du hibou, plus faible à l’approche du matin. Une forte rosée tombait sur nous, et nos habits en étaient trempés. À huit heures, nous avons fait halte auprès d’un café qui n’était qu’une cabane faite avec des branchés de sapin, et des chèvres qui paissaient dans le voisinage nous ont donné du lait pour notre déjeûner. Nous avons trouvé là quatre soldats turcs bien armés qui ont