Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/311

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port et que tous les peuples d’Asie lui apportaient le tribut de leurs productions. J’aurais pu raconter à mon aga comment les orfèvres, les statuaires et tous ceux qui faisaient des dieux à Éphèse, conspirèrent avec acharnement contre les premiers Apôtres de l’Évangile qui vinrent y prêcher l’unité de Dieu. Mais de quel intérêt eut été pour un Musulman l’histoire de rétablissement du christianisme à Éphèse ? Nous sommes arrivés tout de suite à la conquête de cette ville par les Turcs en 1308. Osman alors à redoublé d’attention ; et quand je lui ai dit qu’Aia-Solouk fut bâtie, il y a plus cinq siècles, avec les ruines d’Éphèse, et que la cité musulmane était devenue le siège du souverain de cette province, une certaine joie mêlée d’orgueil s’est peinte dans ses yeux.

Après le souper, l’aga m’a donné un kiosque délabré pour y passer la nuit. C’est là qu’il dormait lui-même, ayant pour compagnes des corneilles et des cigognes. Nous avions pour lit une natte et pour chevet une pierre : les armes d’Osman étaient suspendues à côté de nous comme pour protéger notre sommeil. Le lendemain, 29 juin, dès que les premiers rayons du matin ont pénétré dans notre kiosque, je me suis levé pour reprendre le chemin de Smyrne. J’ai embrassé l’aga, et l’ai remercié le mieux que j’ai pu, de ses bontés et de ses complaisances. « Si jamais vous repassez dans ces terres, m’a-t-il dit, souvenez-vous de moi, et