Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/371

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qu’une étoffe rouge, qui couvrait un pauvre postillon, lui avait paru comme la pourpre consulaire. Mon imagination était affectée de même en approchant de la cité de Priam. Peu s’en faut que les pâtres qui gardaient leurs chèvres dans les bois, ne rappelassent à ma pensée ce berger phrygien que trois déesses prirent pour juge. Tout à coup nous avons vu paraître au loin une espèce de château en ruines ; j’ai demandé à Dimitri ce qu’étaient ces ruines : C’est la tour des Génois, m’a-t-il répondu. Cette, réponse, à laquelle je ne m’attendais pas, a fait tomber tout à coup mon enthousiasme. J’en demande pardon au peuple industrieux qui a laissé dans tout l’Orient des traces de sa gloire ; mais j’ai été tenté de lui dire, en cette occasion, comme Diogène à Alexandre : Ôte-toi de devant mon soleil.

Enfin, à sept heures du matin, nous avions dépassé l’Érinéos ou la colline des Figuiers sauvages, qui se prolonge jusqu’au chemin, et nous étions dans le village de Bournarbachi. Ce village bâti sur une colline d’une pente douce, ne se compose que d’une trentaine de maisons. Bournarbachi n’est habité que par des Turcs.

À peine sommes-nous descendus de cheval, que nous avons voulu voir les sources du Scamandre ; car c’est delà qu’il faut partir pour reconnaître la position de l’ancienne Troie et celle des lieux décrits ou indiqués par Homère. Comme Dimitri ne