Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/394

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je préfère ceux qui nient l’existence de Troie, comme l’a fait le savant Anglais Bryant, à ceux qui placent cette ville de manière à rendre les tableaux de l’Iliade inexacts et souvent inintelligibles.

En descendant des ruines de la nouvelle Ilion, on marche vers le nord-est, et l’on arrive au Pagus iliensium ou village des Iliens. Ce lieu n’offre rien qui mérite d’être remarqué. Ainsi, l’ancienne Troie, la nouvelle Troie et le village d’Ilion sont aujourd’hui table rase, et la grande affaire des érudits est de savoir à quel point de la carte doivent répondre ces noms illustres. Du village des Iliens, en poursuivant notre route à l’est, nous avons traversé sur un pont de pierre la petite rivière de Camara, que Démétrius et Strabon ont prise pour le Simoïs. Il nous restait à voir l’emplacement d’un monument célèbre dans l’antiquité, le temple d’Apollon, Tymbréen. Ce temple, bâti à l’embouchure du Tymbrius, était entouré d’un bois de platanes, rendez-vous des Grecs et des Troyens pendant les jours de trêve. Ce qui lui avait donné sa célébrité chez les anciens, c’est la mort d’Achille, surpris et tué par Paris aux pieds même des autels d’Apollon. On ne retrouve aucune ruine, aucune pierre, aucun platane qui indique la place du temple et du bois sacré ; seulement, le Tymbrius, bordé de saules et de lauriers roses, continue à rouler son filet d’eau limpide à travers la jolie, vallée de Tymbra, et se jette dans le Simoïs en face des collines de Bournarbachi, ou des portes Scées.