Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/450

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le grand prêtre Calchas avait interdit les honneurs du bûcher à ceux qui se donnaient la mort. Ces traditions furent plus ou moins accréditées chez les anciens ; mais je pense que, pour ce qui regarde la mort et la sépulture d’Ajax, il est convenable dé s’en rapporter à Quintus qui consacre à ce sujet un chant tout entier de son poème. Or, le poète de Smyrne nous dit qu’on dressa un bûcher, et que les dépouilles mortelles du fils de Télamon furent consumées par les flammes. On recueillit dans un vase d’or les cendres et les ossemens du héros, et ce vase d’or fut déposé dans un tombeau, autour duquel on éleva un amas prodigieux de terre, non loin du promontoire et du rivage de Rhétée. Ce tombeau ne fut d’abord qu’un simple monument sur lequel le nom d’Ajax attirait l’attention ; mais à mesure que ce nom glorieux retentit parmi les peuples, les arts vinrent ajouter leurs ornemens à la simple parure de gazon qui couvrait le tombeau du héros. On bâtit un temple de marbre sur le sommet du Tumulus ; et dans ce temple, on montrait la statue du divin Ajax. Mais les siècles vinrent jeter l’oubli sur ce monument, et pendant long-temps on passa près du tombeau sans y voir autre chose que de la terre et des pierres. En 1770, un commandant des Dardanelles fit démolir ce qui restait des murailles du temple pour construire un pont dans le voisinage.

Maintenant ce tumulus n’offre plus qu’un double