Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/459

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sont venus nous voir, et nous avons pu connaître à notre aise les Turcs de cette ville. Comme nous sommes logés dans une boutique, on nous a pris d’abord pour des marchands, et la foule est accourue pour voir nos marchandises. Les Turcs, en général, ne sont pas curieux, mais ils sont oisifs, ce qui est quelquefois la même chose. Nous les voyons arriver à la file, s’accroupissant sans façon autour de nous, prenant du tabac dans nos tabatières, nous questionnant dans leur propre langue, et sans attendre notre réponse, se mettant gravement à fumer leur chibouc ; quand la chambrée est pleine, ceux qui sont arrives les premiers sortent pour faire place à d’autres, absolument comme à la curiosité de nos boulevards.

Ces visites nous ont rempli toute une journée ; plusieurs de nos visiteurs nous faisaient de grandes protestations d’amitié, et nous demandaient, en échange de leur estime, ce que les Turcs appellent un bacchis (une gratification) ; un topchi bachi (capitaine des canonniers du fort) ayant vu que je portais des bas de soie, m’a fait dire, par son interprète, que je lui ferais un grand plaisir de les lui donner. Mon refus l’a presque mis de mauvaise humeur. Notre voisin le barbier m’avait demandé avec instance un flacon d’eau de Cologne que je lui avais montré ; je ne jugeai pas à propos de satisfaire son désir ; je ne sais pas comment cela s’est fait, mais vers le soir mon flacon avait disparu. J’ai tou-