Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/50

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et là, des terres cultivées ; ce qui console un peu du spectacle affligeant qu’on a eu jusques-là. Les habitans de ce canton avaient perdu leurs bœufs pendant la guerre ; on s’est avisé d’un singulier procédé pour y suppléer. On leur a prêté les bœufs destinés à l’approvisionnement de l’armée française. Lorsque ces pauvres animaux avaient travaillé pendant tout le temps des semailles, on les ramenait à la boucherie pour les tuer. Un économiste peut applaudir à ce moyens d’industrie agricole ; mais je ne croîs pas que Théocrite en eût fait le sujet d’une idylle ; ni que les anciens pasteurs d’Arcadie l’eussent célébré dans leurs chansons. Je veux arrêter votre pensée sur d’autres images. On a donné aux soldats français des terres à cultiver dans les campagnes de Modon : le désœuvrement et l’ennui ont fait des pacifiques libérateurs de la Grèce autant de Cincinnatus. Je les ai vu, le sabre au côté et la bêche à la main, cultiver des lentilles, des choux et des pastèques.

Mais il es temps d’arriver à Modon. Vous savez que cette ville est très ancienne ; Strabon l’appelle Méthone ; dans l’Illiade elle est appelée Pedazos, Pedaze. Au temps des Romains, elle fut prise par Agpippa, protégée et favorisée par Trajan. On ne la voit plus figurer sous l’empire grec. Dans le douzième siècle, elle inspira quelque jalousie à Venise, et fut presque détruite. Il est quelquefois question de Modon après la prise de Constantinople par les croisés. Guillaume