Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/61

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paraisse avec sa rivale, qui a succombe comme elle, avec cette jalouse Sparte dont on a aussi cherche l’emplacement, et que toutes les deux viennent nous dire, qu’elles viennent dire aux Grecs d’aujourd’hui comment l’ancienne Grèce a péri.

Le Taygète élevait devant nous ses sommets blanchis par les frimas ; l’aspect de la neige au mois de juin semble nous offrir un autre ciel que celui de la Grèce, et contraste avec la chaleur qui nous accable. Polybe compare le Taygète à nos montagnes des Alpes ; leur cime neigeuse qui domine des chaînes de roches bleuâtres, ressemble a la pointe du Mont-Blanc, lorsqu’on l’aperçoit du lac de Genève.

Les montagnes du Taygète s’étendent le long de la mer, jusqu’au promontoire du Ténare aujourd’hui appelé le cap Saint-Ange. Ce pays montueux est la partie de la Laconie qu’on nomme le Magne. On a beaucoup parlé de ce pays, sans qu’il en soit pour cela mieux connu ; je n’en connais rien moi-même que ce que j’en ai pu voir avec de bonnes lunettes d’approche, et ce que j’en ai appris de quelques voyageurs. Cette contrée, protégée par les chaînes du Taygète, et que la nature avait en quelque sorte fortifiée, dut sans doute servir d’asile aux Grecs du Péloponnèse, lorsque, dans les temps primitifs, es invasions et les brigandages désolaient les provinces voisines. Des ruines qu’on