Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 1.djvu/94

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répliqué son Excellence, c’est qu’un peuple qui vient de conquérir sa liberté n’a guères la pensée d’en confier la garde à la sagesse des lois, et qu’une génération qui a secoué le joug est rarement celle qui fonde des institutions. — Rien n’est plus vrai ; une génération qui a fait une révolution ne s’occupe souvent qu’à détruire ce qu’elle a fait ; la France nous en offre plusieurs exemples depuis un demi-siècle ; mais au moins faudrait-il qu’on songeât à réparer les maux du présent par le travail et l’industrie. J’ai partout remarqué parmi les Grecs un extrême penchant à l’oisiveté, cette grande maladie des sociétés d’Orient. L’ancienne Attique, par exemple, avait quatre cent mille esclaves qui travaillaient, tandis que les citoyens d’Athènes s’occupaient des lois de la république. Il n’en est pas ainsi dans la Grèce moderne, où personne ne travaille, où tout le monde veut faire où défaire des lois. — Le président était frappé comme moi de ces observations ; tous les soins de son gouvernement tendaient à faire du peuple grec un peuple actif et industrieux. Quelques-uns des moyens qu’il veut employer pour parvenir à son but m’ont paru avoir quelque chose de vague et de chimérique qui ne permet guères de croire aux succès de son entreprise. Le meilleur de ces moyens, selon lui, est de changer le costume des Grecs et de leur faire quitter la fousanelle, qui gêne leur mouvement et les retient dans l’inaction. Notre entretien a roulé