Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/118

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et le cavalier musulman s’est mis à la tête de la caravane. Il fallait le voir faire la police sur notre chemin ; malheur aux Grecs qu’il rencontrait ! Ils étaient menacés, frappés du fouet, repoussés bien loin de nous, et tout cela pour nous faire honneur.

Après avoir traversé une très-riche campagne plantée de vignes et de mûriers, nous nous sommes trouvés sur l’emplacement de Cisyque ; nos guides d’Artaki nous ont d’abord conduits à la Fontaine des grands arbres, car ce qu’il y a au monde de plus intéressant pour des Turcs et pour les Orientaux en général, c’est une source limpide. Cette fontaine est ombragée par de grands platanes : l’un de ces arbres a plus de vingt-cinq pieds de circonférence, et paraît être aussi ancien que les ruines dont il est entouré. À quelques pas de ces platanes et de la fontaine, se trouvent d’antiques masures ou des restes d’une épaisse muraille, formée d’énormes pierres, que certains voyageurs ont appelée, je ne sais pourquoi, l’Aréopage. Autour de ce grand débris on voit des fondations, de vieux décombres revêtus de mousse ou cachés sous le lierre. Il est probable que ce lieu orné d’une fontaine, ombragé par de beaux platanes et voisin de l’ancien port, fut autrefois une des places publiques de la cité. Vous savez que dans les temps de sa prospérité et de sa grandeur, Cisyque était séparée du continent par un canal qui aboutissait à deux ports, et sur lequel on avait Construit deux ponts.