Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/128

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dit, partira pour être remplacé par un autre qui ne me connaîtra point ; les cadis et même les pachas ne sont plus tout-à-fait ce qu’ils étaient autrefois, mais il faut toujours payer des impôts qui nous ruinent : quant aux reformes du sultan, elles n’ont rien changé jusqu’ici à l’humeur des Turcs ; ce n’est pas du divan que nous ayons à souffrir, mais des musulmans ; le caractère des Turcs ne saurait jamais se concilier avec le nôtre ; si j’ai envie d’aller en Morée, c’est qu’il n’y a plus de Turcs, et cela nous suffit à nous autres Grecs. — Comme les argumens devenaient pressans, j’ai cru devoir appeler à mon aide notre philhellène Franc-Comtois. — J’ai combattu pendant trois ans, a dit celui-ci, pour l’indépendance de la Grèce, et je conseille aux Grecs de Cisyque de rester chez eux. — Il est parti de là pour faire à sa manière une peinture de la Morée telle que nous l’avons vue. J’ai ajouté à tout ce qu’a pu dire notre compagnon de voyage, quelques réflexions générales. Les meilleures révolutions, si toutefois il y en a de bonnes, versent toujours un déluge de maux sur les générations contemporaines ; on n’en reçoit quelques avantages que lorsqu’elles sont terminées, et celle de la Grèce est bien loin de toucher à sa fin ; il arrive quelquefois que des orages qui ébranlent la terre purifient l’air et fécondent les campagnes ; mais est-il sage pour cela de sortir de sa maison, tant-que l’orage gronde et que les vents sont encore déchaî-