Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/157

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étroites, obscures, un pavé dégradé et fangeux, des boutiques mal propres des maisons mal bâties. À l’exception des mosquées, vous trouvez rarement un édifice qui puisse attirer votre attention. C’est ici que, pour conserver ses illusions, il ne faut pas voir les choses de trop près, ni porter les yeux autour de soi. Si vous voulez récréer votre vue et contempler de magnifiques tableaux, placez-vous dans un lieu élevé et découvert ; quand vous êtes à Péra, regardez la pointe du Sérail, la rive de Scutari ; quand vous êtes sur une des sept collines, tournez vos regards vers le quartier de Galata, vers les hauteurs de Saint-Dimitri, vers le faubourg d’Eyoub, ou vers le canal si animé du Bosphore. Tous les lieux qui se présentent à quelque distance, forment d’admirables perspectives ; chacune de ces perspectives semblable à l’espérance qui fuit pour nous dans l’avenir, se dissipe à mesure que vous en approchez ; mais telle est la variété des sites et la mobilité de ce grand spectacle que les tableaux qui vous ont ravi et qui ont disparu, peuvent toujours être remplacés par d’autres, qui se montrent dans le lointain et vous enchantent également.

Après avoir donné une première vue de Constantinople, il faut que je vous fasse connaître en détail cette immense cité ; c’est là ce qui m’embarrasse le plus, car je ne sais par où commencer ; je ferai, au reste, pour mes lettres, ce que je fais pour mes