Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/200

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point les jeux de hasard qui sont la source de tant de désordres dans nos grandes capitales de l’Europe. Chez eux, les relations des deux sexes sont telles qu’elles ne peuvent y occasionner de querelles. Quoique beaucoup de Turcs ne s’épargnent ni le vin, ni l’eau-de-vie, on doit dire néanmoins qu’ils s’abandonnent rarement à cette passion dans les lieux publics, ils ne se réunissent jamais en grand nombre ni dans les jours de fête ni pour leurs plaisirs ; leur conversation n’est jamais assez animée pour qu’il en résulte dès disputes ou des débats fâcheux. On entend quelquefois parler d’un meurtre, mais il est rare que l’assassin ait des complices. Le port d’arme d’ailleurs est interdit aux militaires comme aux habitans, et les troupes soumises à une discipline sévère, ne sont plus comme autrefois un sujet de terreur pour la capitale.

Les seuls désordres dont j’aie été témoin, et malheureusement ces désordres se renouvellent souvent ce sont les violences exercées contre les Grecs ; je vois presque tous les jours dans les rues de Péra et aux Champs des-Morts, de pauvres Grecs saisis au collet par des Turcs et battus en présence d’une foule immobile. Jamais les Grecs n’osent opposer la moindre résistance ; ils sont le plus souvent conduits au corps-de-garde, et s’estiment fort heureux d’en être quittes pour quelques coups de bâton ou quelques coups de fouet, appliqués par le chef du poste, chargé de juger l’affaire en der-