tenant, à la main le bienheureux chibouk, je me rappelle ces paroles d’un poète turc : « Oui, le tabac est un moyen sur pour l’homme de dissiper ses chagrins et de chasser des nuées de soucis avec des nuées de fumée. » Il m’arrive souvent, au milieu de mes promenades, de m’arrêter dans un café en plein air, situé sur la rive du Bosphore. De paisibles citadins y sont réunis en cercle à l’ombre de quelques platanes ; on n’entend que le murmure du zéphir et le bruit lointain de la mer ; toutes les figures, rayonnent d’une joie tranquille et paraissent réfléchir les sérénités dû ciel ; c’est là que la liqueur transparente du moka a tous ses parfums, et qu’on peut dire de chaque buveur de café :
Qu’il boit dans chaque goutte un rayon du soleil.
Le café est devenu enfin si populaire, que le gouvernement a voulu en quelque sorte s’associer aux habitudes du public. Il a formé un grand établissement où chacun peut faire rôtir ou piler son café. Dans, chaque grande maison, il y a un officier uniquement chargé de la préparation de la liqueur favorite, et qu’on appelle cawi-bachi (directeur du café). C’est une obligation pour un Turc de fournir du café aux femmes de son harem. L’infraction à cette loi sainte suffirait pour motiver un divorce. Le café est en Turquie la liqueur de l’hospitalité,