Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/228

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sance de leurs affaires. Ajoutez à cela qu’un emprunt ne manquerait pas de blesser les opinions religieuses, et l’agiotage, suite inévitable d’une dette publique, pourrait fort bien être placé par les ulémas dans la catégorie des jeux de hasard, si sévèrement défendus par le Coran ; vous pouvez par là vous expliquer comment il n’y a pas de Bourse en Turquie.

J’ai pris des informations sur les lois et les coutumes qui régissent le commerce en Turquie, et j’ai reconnu que sous ce rapport surtout, on en est encore aux siècles de la barbarie ; Mahomet a placé un honnête négociant parmi les anges du paradis, et voilà tout ce qu’il a fait pour le commerce et l’industrie ; ses disciples, ses compagnons et ses commentateurs n’en ont pas fait davantage. Les Turcs sont venus à Stamboul avec leurs lois du désert et n’y ont rien ajouté pour ce qui regarde les transactions commerciales ; ils n’ont point de tribunal de commerce ; leurs codes ne renferment aucune disposition sur les lettres de change ; seulement il existe des firmans et une espèce de jury pour réparer cette grande lacune de la législation musulmane. Comme dans nos grandes cités d’Europe au moyen-âge, Constantinople a des corporations et des corps de métiers ; ces corporations et ces corps de métiers font quelquefois des réclamations en faveur des intérêts commerciaux, et ces réclamations, faites en commun, ont plus de poids