Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/239

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Telles sont les trois nations qui habitent avec les Osmanlis la capitale de l’empire ottoman. Les Arméniens seuls forment une population de cent mille âmes ; la ville compte cinquante ou soixante mille Juifs, autant de Grecs. La population turque ne s’élève pas au-dessus de deux cent mille. Il faut ajouter que les trois nations qui font ainsi la moitié des habitans de Constantinople, forment près d’un tiers de la population dans plusieurs provinces ottomanes. Ces nations se multiplient sans cesse, et le dénombrement dont on s’occupe aujourd’hui aertira sans doute les Osmanlis que leur population décroît partout, tandis que les autres populations s’accroissent chaque jour.

Voilà donc un grand empire habité par trois nations qui restent comme étrangères au gouvernement, et ne peuvent s’associer ni à sa prospérité, ni à sa décadence, ni à ses revers, ni à sa gloire ! Comment réunir ou dominer, tant d’élémens qui se combattent, comment donner, je ne dis pas une patrie, mais seulement une législation à des peuples si divers ? Aux jours de la victoire, une force irrésistible entraînait seule les volontés ou brisait toutes les oppositions ; mais lorsqu’il s’agit de reconquérir par des réformes pacifiques ce qu’on a perdu dans des guerres malheureuses, comment espérer le concours unanime d’opinions et de sentimens dont on a besoin ? Que deviendra la révolution que Mahmoud a commencée en présence de trois peuples qui ne