Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/270

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gueurs de l’hiver, et n’échappent point à l’homme.

Le Bosphore est couvert d’une multitude de pêcheurs qui, les uns sont armés de leurs filets, et les autres debout ou assis sur la proue de leurs nacelles, tiennent en main le hameçon ; sur la rive du détroit, dans les anses, sous les rochers du bord, vous voyez une foule d’hommes et d’enfans qui balancent leurs lignes sur la surface des flots. Les femmes de Thérapia et de Buyuk-Deré ne restent point étrangères à cette guerre ; elles laissent flotter de longs paniers au courant de l’onde, et ces paniers sont autant de pièges. Dans quelques parties du rivage, s’élèvent des cabanons en bois du haut desquels les pêcheurs observent l’arrivée des poissons ; ce qu’ils découvrent d’abord, ce sont des points noirs qui se dessinent à travers l’azur des flots ; bientôt ils reconnaissent les bancs de poissons qui roulent sous les vagues comme des collines vivantes. Des bataillons de pélamydes, venus des Palus-Méotides, se pressent dans les eaux du détroit. Les grandes caravanes de l’Euxin, enveloppées et surprises de tous côtés, laissent derrière elles des milliers de prisonniers qu’on emporte dans les marchés de Stamboul et dans les principaux villages de la Propontide.

Dans le temps même où le Bosphore voit passer dans ses eaux les poissons de l’Euxin, des légions d’oiseaux descendent aussi sur ces rives. Les cailles se montrent par troupes innombrables, et les chas-