Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/274

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ancre plus ou moins pesante, suivant qu’ils traversaient des mers plus ou moins orageuses. Je ne parle point des nouveaux fanaux d’Europe et d’Asie, destinés à éclairer pendant la nuit la marche des navires, et des deux Cyanées situées à l’entrée de l’Euxin.

L’embouchure de la Mer-Noire a quelque chose de brusque et de fantastique, et ressemble, selon l’expression d’un voyageur anglais, à la gueule d’un monstre marin. Les savans viennent étudier sur ces rives les révolutions du globe. L’antiquité croyait que la Mer-Noire s’était ouvert par-là un chemin, et que le déluge de Samothrace et de l’Attique avait passé par le Bosphore. Les érudits de toutes les classes se sont mis en frais pour expliquer l’écoulement des eaux de l’Euxin et la formation du détroit. Je n’ai ni assez de temps, ni assez de science pour examiner ces différens systèmes. Il y a ici pour moi des souvenirs plus intéressans et plus poétiques, et j’aime mieux me rappeler le temps où ces rivages étaient habités par les dieux.

L’Euxin était pour l’antiquité une mer inconnue, une mer mystérieuse ; on ne redoutait pas seulement les écueils et les abîmes : la crainte avait peuplé cette mer de fantômes menaçans. D’un côté la renommée vantait les mines d’or et d’argent que cachaient les bords lointains du Phase, les riches productions de la Bitynie, de la Colchide et de la