Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/278

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que quelques pans de murailles noircis par le feu, et le dôme d’une mosquée à moitié démolie. Ces tristes décombres ont attiré un moment nos regards ; mais je ne crois pas qu’ils aient jamais l’intérêt qui s’attache pour nous aux ruines de l’antiquité. Dans tout ce qui nous reste des anciens monumens, chaque pierre prend une voix pour nous parler de ce que les temps passés ont de glorieux, tandis qu’aucun souvenir de gloire ne se mêle aux masures de cette place aux viandes, où je n’ai devant moi que l’image d’une soldatesque indisciplinée, et de sa misérable chute. Toutes les fois que je traverse l’Hippodrome, un grand empire, qui n’est plus se représente à ma pensée, et mon cœur bat d’une noble émotion ; mais en voyant les débris du quartier de l’Et-Maïdan, j’éprouve une tristesse qui ressemble au dégoût, et c’est à peu près comme si j’avais sous les yeux l’espèce de désordre qu’on remarque autour d’une tanière où des bêtes sauvages viennent de tomber sous les coups du chasseur.

Je viens de relire là traduction abrégée d’une histoire écrite en langue turque, qui raconte la fameuse journée du 16 juin 1826 [1]. En relisant cette histoire, j’ai été frappé de deux choses, d’abord de l’incroyable obstination des janissaires à repousser toute amélioration dans la discipline, ensuite,

  1. On peut lire aujourd’hui cette histoire plus complète dans l’excellente traduction de M. Caussin de Perceval.