Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/288

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il ne se faisait pas plus de bruit sur les places publiques qu’au champ des morts. Lorsque M. Desgranges eut franchi la porte impériale et qu’il entra dans la première cour du sérail, il put voir un autre spectacle, c’était le gouvernement des Osmanlis, campé comme sur un champ de bataille ; le grand-visir avait fait dresser un pavillon au fond de la cour ; les autres membres du Divan avaient imité le grand-visir ; le sultan habitait un kiosque au-dessus de la seconde porte ; le mouphti et les principaux ulémas, les grands officiers étaient logés près de là comme des soldats en campagne ; enfin on ne gouvernait plus que dans un camp et tout l’empire était sous la tente. C’est de là que partaient les foudres qui allaient écraser les restes de la rébellion dans les provinces ; c’est au milieu de ce désordre tumultueux qu’on préparait les lois nouvelles, et qu’on méditait des projets de réforme.

Cependant M. Desgranges parvint jusqu’au grand-visir, et ce qui formait un contraste frappant avec tout ce qu’il venait de voir, il trouva dans ce ministre ottoman, qui faisait tout trembler, un homme doux et poli ; ses manières avaient quelque chose de noble, de prévenant, et dans sa conversation on aurait pu le prendre pour le ministre chef de la monarchie la plus civilisée. Le visir promit de faire juger les deux janissaires qu’on réclamait, et de les renvoyer s’ils n’étaient pas coupa-