Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/31

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maroquin qui ont quelque célébrité, et une très-grande fabrique de poterie. Cette dernière fabrique que nous avons visitée, fournit des vases de terre à tous les pays voisins ; elle en envoie jusqu’à Constantinople. Ce genre d’industrie est un de ceux qui répondent le mieux aux besoins du pays. Le premier meuble d’une maison ou d’une chaumière est un vase de terre ; un habitant de ces contrées se passerait plutôt d’un abri ou d’un vêtement que d’un vase d’argile, renfermant de l’eau pour les ablutions, ou pour les besoins de chaque instant de la vie. Aussi trouve-t-on partout, même dans les lieux déserts, des débris de poterie.

Je me rappelle qu’en parcourant l’emplacement ` de Troie, j’avais ramassé un grand nombre de fragmens de poteries, car j’avais vu dans quelques voyageurs que les débris des vases de terre sont souvent les ruines les plus anciennes, et celles qui résistent le plus au temps. Je choisissais ceux qui me paraissaient avoir le caractère de la plus grande vétusté ; je croyais avoir trouvé tantôt les restes d’un vase qui avait appartenu à la belle Hélène, tantôt les débris d’une coupe dans laquelle le roi Priam aurait fait des libations au grand Jupiter ; mes compagnons et moi nous étions chargés de ces fragmens, ramassés sur l’Acropolis ou aux portes Scées. Mais à mesure que nous avancions dans le pays, de quelque côté que nous portassions nos pas, des débris pareils s’offraient partout à nos