Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/311

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détruites, ses armées vaincues, sa capitale menacée, les peuples ont pu se persuader que Dieu n’approuvait pas les desseins de sa politique ; dans l’opinion des Musulmans, un prince que la fortune des armes abandonne n’est point celui que le grand Allah a dû choisir pour leur donner des lois.

Si Mahmoud s’était trouvé à la tête d’une de nos sociétés d’Europe, il aurait pu s’adresser au patriotisme des peuples ; mais le patriotisme, tel que nous le connaissons est une vertu ignorée des Osmanlis. Le seul nom du pays où nous sommes nés, le nom de la ville, de la nation dont chacun de nous tire son origine, nous fait battre le cœur. On ne retrouve point ce sentiment chez les Turcs ; Stamboul n’est pour les Osmanlis qu’un lieu où leur nation est venue camper, qu’une ville dont l’islamisme a pris possession. Comme ces plantes de nos jardins, qui se tournent sans cesse vers le soleil, un bon Osmanli, quelle que soit la contrée qu’il habite, tient toujours ses regards attachés vers les lieux d’où la foi lui est venue, et c’est là qu’est sa terre promise, sa terre de prédilection ; il n’est pas un vrai croyant qui ne donnât la capitale de L’empire pour racheter la Mecque et Médine ; aussi, invoque-t-on plutôt, dans ce pays, le nom de Mahomet et celui des califes que les traditions nationales. Les lois des Turcs sont moins celles du pays qu’ils habitent, que celles de la religion qu’ils professent. Pour me résumer, les Os-