Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/33

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rient ; j’en demande pardon à l’antiquité, mais si quelques colonnes en marbré de Paros, si les ruines d’un vieux temple, si quelques restes d’une statue d’Apollon ou de Minerve s’étaient présentés alors devant moi, j’aurais peut-être passé sans les regarder et sans les voir. J’ai causé, à l’aide d’un interprète, avec les ardiniers qui travaillaient dans leurs enclos bordé de haies vive. Ils appartiennent tous à la nation grecque ; ils nous ont dit que leurs pénates sont respectés par les Turcs et que personne ne leur dispute le fruit de leurs travaux ; ils paraissent contens de leur sort ; il est si rare dans ce pays de rencontrer des gens heureux et de voir briller sur des figures humaines quelque sérénité ! Plusieurs voyageurs s’accordent à regarder la classe des jardiniers en Turquie comme la moins maltraitée et la moins malheureuse ; ils n’en donnent pas la raison ; on sait que chez les Musulmans on ne paie pas ordinairement la dîme des fruits, excepté des olives ; le fisc n’atteint point non plus les herbes et les légumes, et l’avidité d’un pacha ne s’arrête guère aux fleurs des jardins ; voilà sans doute pourquoi les jardiniers sont à l’abri du despotisme turc.

En sortant des jardins, nous avons poussé notre course jusqu’au Rhodius ; sur la rive droite du fleuve on a élevé un mur en grosses pierres de taille, en forme de parapet pour arrêter le débordement des eaux qui menace quelquefois de submerger la ville. Le terrain sur lequel on a cons-