Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/333

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dans la cour, des prisonniers albanais qui venaient, comme les janissaires, expier leur révolte parmi les forçats du bagne ; ils avaient été pris dans les derniers combats livrés aux rebelles par le grand-visir, et la nouvelle de ces combats était à peine parvenue à Constantinople ; d’où il faut conclure que dans ce pays la justice va aussi vite que la renommée. Du reste, les nouveaux forçats venus de l’Albanie avaient un air fort calme, et paraissaient moins étonnés que nous de leur prompte arrivée à Stamboul.

Près du corridor ténébreux qui sert d’entrée à la prison, est une espèce de taverne dans laquelle on vend des comestibles ; nous y avons vu servir du moka et les murs y sont noircis par la fumée, du chibouc, ce qui prouve qu’il n’y a point de séjour en Turquie où le café et le tabac n’aient porté leurs consolations. On nous a montré, au fond du corridor, une chapelle à l’usage des prisonniers chrétiens ; quelques rayons de soleil échappés de la voûte descendent dans l’obscure enceinte, semblables à ces lueurs d’espérance qui brillent quelquefois dans l’âme des malheureux. Cette chapelle avait autrefois une cloche, privilège fort rare dans les états musulmans ; la cloche a été supprimée au siècle dernier, sous le prétexte qu’elle éveillait les anges qui dormaient sur le dôme d’une mosquée voisine. Les chrétiens ont eu autrefois jusqu’à trois chapelles dans le bagne, et les catholiques de Péra