Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/338

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était le nombre des prisonniers ; il y en avait onze dans la salle des Turcs, et six dans celle des rayas. — Comment les traite-t-on ? — Comme vous le voyez. — De quoi vivent-ils ? — D’un peu de pain que je leur distribue, de ce qu’ils reçoivent de la charité ou de ce qu’ils ont apporté ici. — Sont-ils enchaînés ? — Quelques-uns. — S’en échappe-t-il ? — Rarement. — Se plaignent-ils de leur sort ? — Ils peuvent se plaindre de la fortune, mais non de la manière dont on les traite ici. — J’avoue que tout ce que j’apprenais me donnait une grande surprise. Comment se fait-il, me disais-je en moi-même, qu’on puisse n’être pas trop malheureux dans les cachots de la Turquie ! Et cependant je ne vois là ni conseil des prisons, ni comité de bienfaisance, ni dames de la miséricorde.

Lorsque nous sommes entrés dans la salle des Turcs, la plupart des prisonniers sont restés cou chés sur leurs nattes ; deux ou trois se sont approchés de nous, comme pour nous demander l’aumône ; je n’étais pas encore revenu de ma première émotion, et je n’ai pas eu l’esprit de leur faire la moindre question sur leur captivité. La chambre des Grecs m’a paru plus vaste que celle des Turcs ; tous les prisonniers étaient groupés autour d’un jeune homme qui avait la fièvre ; le rayon de lumière qui partait du dôme ou de la voûte, pour éclairer la salle, tombait dur le front du jeune prisonnier, et nous montrait la pâleur de son visage ;