Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/345

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tère et l’ivrognerie sont aujourd’hui comme les poissons de la mer à qui il suffit pour n’être pas pris, d’éviter les lieux où les filets sont tendus.

La police du vaivode est très-active, et ne permet pas que sa prison reste jamais solitaire comme celle de la Porte. Il passe pour tirer de grands profits des fonctions qu’il exerce, et tous ceux qu’il peut faire arrêter sont ses tributaires. On m’assure qu’il tire parti de tous les scandales qui surviennent dans sa juridiction, et que souvent même il les provoque ; depuis quelques jours on parle à Péra d’un archimandrite grec qu’il a fait arrêter dans une maison suspecte, et dont il exige dix mille piastres ; le quartier de Galata n’a pas de vices et de mauvaises passions qui ne rendent quelque chose au vaivode ; la corruption des mœurs, les scènes scandaleuses, tous les genres de désordre sont pour lui un véritable trésor. Vous pensez bien que le geôlier de la prison ne reste pas en arrière, et qu’il regarde aussi comme ses contribuables tous les malheureux que la police lui amène. Il leur fait payer des bakchich ou gratifications pour toutes les commodités, qu’il leur donne et pour toutes les souffrances qu’il leur épargne, bakchich pour un rayon de soleil qui pénètre par un guichet, bakchich pour l’eau de la fontaine apportée par le saka, bakchich pour le chibouk dont la fumée dissipe les chagrins, bakchich pour un peu de place sur une natte ou sur un tapis qui n’est pas encore en