Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/356

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pour retraite Thérapia et Buyuk-Déré. Je n’ai rencontré à Belgrade que de pauvres familles grecques, et surtout des visages blêmes, car il y a là des eaux croupissantes d’où s’exhalent de continuelles infections, et la fièvre s’établit à Belgrade pendant six mois de l’année.

Le village-de Belgrade offre pour toute curiosité l’ancienne demeure de milady Montague ; cette maison, qui fut le temple de l’esprit et des grâces, a été changée en bergerie comme beaucoup de temples de l’antique Orient. J’ai relu en face de cette habitation ruinée les deux lettres que milady Montague a écrites du village de Belgrade ; dans une de ces lettres, adressée au célèbre Pope, elle décrit le lieu de sa retraite qu’elle compare aux Champs-Élysées et raconte comment elle a coutume de passer son temps ; sa semaine était ainsi employée : lundi, une partie de chasse ; mardi, lecture anglaise ; mercredi, étude de langue turque ; jeudi, c’étaient les auteurs classiques ; vendredi, jour des dépêches ; samedi, les ouvrages à l’aiguille ; dimanche, les visites et les concerts. En relisant à Belgrade les lettres de milady Montague, j’éprouvais le même plaisir que nous donnait la lecture de Musée et de Byron sur les rivages d’Abydos. Depuis plus d’un siècle que ces lettres ont été écrites, on a publié bien des livres sur l’Orient, et pourtant les récits et les peintures de milady Montague nous plaisent toujours ; c’est qu’il y a dans sa correspondance de l’esprit,