Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/365

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nières des Francs, et se conformer aux intentions de son maître.

Cependant, l’infanterie du sultan était sous les armes ; les manœuvres allaient commencer. Mahmoud est sorti de son kiosque de San-Stéphano ; la plaine couverte de bataillons dans la plus grande tenue, présentait de loin un assez beau spectacle. Je suis resté avec beaucoup d’autres dans la tente du réis-effendi, et nous avons pu voir de là l’image d’une grande bataille, à laquelle assistait le sultan. Sa hautesse avait auprès d’elle plusieurs ministres des puissances chrétiennes. Les manœuvres, m’a-t-on dit, se sont faites médiocrement ; Mahmoud se tournait, de temps à autre, vers les ambassadeurs présens, mais les applaudissemens ont eu toute la réserve de la diplomatie. Le sultan, qui s’en est aperçu, s’est adressé à l’ambassadeur d’Angleterre, et lui a dit d’un ton modeste : « Nous sommes encore novices ; j’espère que vous serez plus content de notre cavalerie. »

L’exercice fini et la revue passée, le sultan s’est retiré. Le séraskier et le capitan-pacha sont venus, de sa part, pour assister au dîner diplomatique ; on nous a conduits dans une tente magnifiquement ornée, où se trouvait dressée une table de soixante couverts ; je me suis aperçu qu’on nous avait fait passer à travers une avenue de lauriers plantés le matin. Les convives ont pris place ; tout était à la française, jusqu’à l’argenterie empruntée à