Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/368

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flamboyantes qui brillaient dans l’air, laissaient voir par intervalle aux nombreux spectateurs la figure colorée du sultan et des groupes de femmes voilées ; quelques-unes de ces étoiles allaient éclater sur le champ des morts et nous montraient au loin les cimes des cyprès qui couvrant les cendres des Osmanlis. En voyant cette fête donnée aux infidèles, les ombres des vieux Ottomans ont dû croire qu’elles n’étaient plus en sûreté dans leur retraite de Scutari.

J’ai oublié de vous dire que le sultan a choisi un dimanche pour la fête de Scutari comme pour celle de San-Stéphano ; il a pris ce jour-là pour la commodité des Francs qui devaient y assister. Mahmoud mettait à tout cela une si grande importance, qu’il rougissait comme un écolier des complimens qu’on lui adressait. Le lendemain de la revue de Scutari, il a envoyé sur la colline de Péra pour savoir si on était content ; il est probable que les habitans de la noble colline auront été polis, et qu’il n’aura eu qu’à s’applaudir de leurs réponses. S’il me faisait l’honneur de me demander mon avis, je lui conseillerais de chercher dans des préoccupations plus graves et plus sérieuses l’approbation de l’Occident ; je lui dirais qu’aux lumières de notre civilisation, il se mêle beaucoup de petites choses, beaucoup de petits travers, et que ce n’est pas par là que les imitations doivent commencer ; je lui dirais qu’aux yeux des hommes sages de notre Europe,