route et je fis sagement, car, depuis mon passage à Athènes, plus de quatre mois se sont écoulés, et les Turcs, nous dit-on, sont encore dans l’Acropolis. Au moment où j’écris cette lettre, tous les cabinets de l’Europe ont reconnu le pavillon tricolore, signe de votre révolution de juillet ; la Porte hésite encore à le reconnaître. On a refusé d’abord de recevoir les notes remises à ce sujet ; on a refusé ensuite de les lire, puis on a pris du temps pour répondre ; enfin, on a dit que le pavillon tricolore était survenu, mais qu’il pouvait en survenir un autre, et qu’il était sage d’attendre. N’allez pas croire néanmoins que la Porte prenne un intérêt quelconque à la cause de notre légitimité. Le sultan déplore, il est vrai, le sort de la France ; mais le seul remède qu’il trouve aux calamités d’une révolution, c’est de placer sur le trône des lys le fils de Napoléon Bonaparte ; ainsi, toute cette résistance des Turcs se fait uniquement pour obéir à l’esprit de leur diplomatie, et pour savoir s’il y au rait au fond d’un événement quelque chose qui la favorise.
Dans ce pays-ci, le temps paraît être chargé de toutes les affaires difficiles ou douteuses ; le grand mot : bakaloum (nous verrons), est le secret de toute la politique des Ottomans, et depuis que j’ai vu le parti qu’ils ont tiré de cette politique dans les derniers temps, je comprends mieux le vieux proverbe des Orientaux : Prendre un lièvre avec une charrette.