Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 2.djvu/384

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jamais les premiers à provoquer la paix. D’après ces maximes qui sont encore des lois pour les Ottomans, les puissances chrétiennes viennent fort à propos pour se charger de la responsabilité des traités envers le prophète de la Mecque.

Il ne faut pas du reste exagérer les périls de la capitale dans la dernière guerre. Tout le monde sait aujourd’hui que la campagne des Russes n’avait pour objet que d’obtenir une paix avantageuse. Lorsque l’armée russe eut franchi le Balcan et qu’elle fut arrivée à Andrinople, sans presque rencontrer d’obstacles, les chefs se trouvèrent un moment embarrassés d’un succès auquel ils ne s’attendaient pas, et qui les entraînait plus loin que ne le portaient leurs instructions. Lorsque le ministre de Prusse chargé de proposer la paix, arriva au quartier-général des Moskovites, le maréchal Diebitch lui adressa d’abord ces paroles : Il y a longtemps que nous vous attendions. Dans les derniers temps, on a beaucoup parlé des projets ambitieux de la Russie ; on s’est ressouvenu de la politique de Catherine II ; la pensée même est venue de ressusciter l’empire de Constantin. Tous ces grands projets ne peuvent pas être examinés dans une lettre ; je ne m’arrêterai ici qu’à une seule considération, elle est tirée du caractère des Turcs. Il ne suffit pas de conquérir un pays, il faut que ce pays puisse être gouverné. Or, la plus grande partie de la population musulmane ne manquerait pas