Page:Michaud - Poujoulat - Correspondance d’Orient, 1830-1831, tome 3.djvu/17

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soins, l’éducation la plus parfaite ; je la comparerais volontiers, si je ne craignais d’être accusé de faire de la poésie, à la mère des Alcyons, qui élève sa famille en présence de la tempête. Il y a quelques mois que le plus jeune de ses fils à peine âgé de douze ans, partit pour Vienne en Autriche, tout seul et sans rien dire à personne. Il arriva chez M. le prince de Mëtternich, qui fut très-surpris de voir voyager ainsi un jeune enfant, il l’accueillit avec une grande bonté. « Si vous désirez quelque chose, lui dit-il, vous n’avez qu’à me le demander. Que peut demander, répondit le jeune voyageur, un fils dont le père est exilé ? » À ces mots M. de Metternich l’embrassa et lui promit de solliciter le rappel de son père auprès de la Porte. La princesse Mo… racontait cet exemple de piété, filiale avec l’orgueil naïf d’une mère. Cette femme intéressante a pu regretter quelquefois l’ancienne splendeur de sa famille, mais n’y a-t-il pas plus de gloire à nous offrir, le modèle des vertus domestiques, qu’à être saluée princesse des Moldaves ou des Valaques ?

En parcourant les rues du Fanar, j’ai trouve sur tous les visages un air de tristesse, une préoccupation inquiète. Les grandes familles sont dispersées, les phis belles maisons restent sans habitants. Naguère la jalousie et l’ambition troublaient sans cesse la population choisie du Fanar : maintenant il n’y reste que le deuil, la misère et la crainte ;