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ROUTE DE TÉNÉDOS À MITYLÈNE.

Mételin, 22 octobre 1830.

Nous sommes restés deux jours dans le port de Ténédos, où nous n’étions défendus de la violence des vents et de la fureur des ondes que par d’énormes quartiers de rochers, qui semblent placés là par le hasard plutôt que par la main des hommes ; au-dessus de ces rochers, les flots de la mer Égée bondissaient et retombaient en écume ; en me promenant sur le pont de notre navire, j’ai pu reconnaître à loisir l’exactitude de Virgile, lorsqu’il dit de ce port situé en face du rivage de Troie, malefida carinis.

Quand nous sommes partis, le 21 octobre au matin, la mer était encore très-agitée ; nous ne perdions pas de vue le Gargare où les tristes frimas ont remplacé l’hyacinte, le lotos et les autres fleurs qui ornaient la couche de Jupiter et de Junon. Nous avons pu revoir, en suivant la côte, les forêts de