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MICHEL-ANGE.


LXXIV

Au cardinal Di Carpi.
Rome, 13 sept. 1560.0000

Messer Francesco Bandini m’a rapporté, hier, que Votre Seigneurie Illustrissime et Revérendissime lui avait dit que la construction de Saint-Pierre ne pouvait aller plus mal. Ce propos m’a vraiment peiné, soit parce que vous avez été mal informé, soit parce que, comme c’est mon devoir, je désire, plus que tout autreau monde, que ces travaux marchent bien. Je crois, si je ne me leurre, pouvoir vous assurer que l’on ne saurait mieux y travailler qu’on ne le fait à cette heure. Mais il se peut que mes propres intérêts et la vieillesse me trompent facilement. Aussi, pour affirmer mes intentions les meilleures de ne pas porter dommage et préjudice à cette construction, j’entends, le plus tôt que je le pourrai, demander mon congé au Saint-Père. Et même, pour gagner du temps, je veux supplier Votre Seigneurie Illustrissime et Revérendissime de se donner la satisfaction de m’enlever cette responsabilité que, par ordre des papes, comme vous le savez, j’ai volontiers et gratuitement assumée, depuis dix-sept ans. Au cours de ce temps, on peut aisément voir quelle fut la part de mon œuvre dans cette construction. En lui redemandant la grâce de mon congé, je vous prie de croire que, pour une fois, vous ne sauriez me faire une plus singulière faveur. En toute révérence je baise humblement la main de Votre Seigneurie Illustrissime et Revérendissime.

0000(Arch. Buonarroti.)


LXXV

Catherine, Reine de France, à Messer Michel-Ange.
Orléans, 30 oct. 1560.0000

Voulant vous prouver par des effets combien je désire que la statue équestre du Roi mon seigneur soit faite par vos soins et en due perfection, et que vous n’ayez point de raison de douter (comme votre lettre le montre) que cette œuvre, qui me tient à cœur plus que toute autre chose, me puisse sortir de l’esprit, j’ai fait déposer ici entre les mains de Messer Jean-Baptiste Gondi jusqu’à la somme de 6.000 écus d’or. Celui-ci, selon la convention faite par le seigneur Robert, mon cousin, et le sculpteur que vous lui avez proposé, lui fournir à Rome, en temps voulu, les provisions nécessaires qui seront prises sur cette somme. Ainsi de mon côté, n’ayant plus autre chose à faire, je vous prie, pour l’amour que vous avez toujours porté à ma maison, à la patrie et finalement à la vertu, de vouloir faire, avec toute la diligence et l’assiduité que permettra votre âge, qu’une œuvre aussi digne représente à la fois mon seigneur dans sa vive ressemblance et l’habituelle supériorité de votre art sans rival. Si, avec cette œuvre, vous ne pouvez agrandir votre renom, du moins pourrez-vous augmenter celui de votre très affectueuse gratitude envers moi et mes ancêtres. Par elle, vous conserverez longue-