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MICHEL-ANGE.

5 avril 1549.0000

La semaine dernière, j’ai envoyé par Urbin au banquier Bettino 50 écus d’or, pour qu’ils te soient payés à Florence. J’espère que tu les auras reçus et que tu en feras l’usage que je t’ai écrit, soit pour la famille des Cheretani, soit pour une autre dont tu reconnaîtras le besoin ; et tu m’en donneras avis. Quant au règlement de mes affaires comme je t’en écrivais, je voulais dire que, me sentant vieux et malade, je me décidais à faire un testament. Il consiste à laisser à Gismondo evà toi ce que je possède, de telle sorte que mon frère Gismondo aussi bien que mon neveu disposent de mes biens, et que l’un ne puisse les diviser sans le consentement de l’autre. Et quand bien même vous y contrediriez par-devant notaire, je le rectifierais toujours.

Quant à ma maladie, je m’en trouve bien mieux. Il est certain que j’ai la pierre. Mais elle est peu de chose, grâce à Dieu et à une eau que je bois et qui la fait dissoudre peu à peu, si bien que j’espère m’en guérir. Mais, en raison de ma vieillesse et à beaucoup d’autres égards, il me serait cher que le mobilier que j’ai à Rome s’en aille à Florence, pour qu’il m’y serve et qu’il vous reste. Il y en a pour la valeur d’à peu près 4.000 écus. J’y pense surtout à l’heure où, ayant à partir pour les eaux, je voudrais m’en libérer au mieux. Mets-toi d’accord avec Gismondo et avisez, parce que c’est une question qui n’intéresse pas moins vous que moi.

Sur la question de ton mariage, un ami est venu me voir ce matin, et m’a prié de te signaler une fille de Leonardo Ginori, née de mère Soderini. Je l’en avise, comme on m’en a prié ; mais je ne sais t’en dire plus au long.

0000(Ibid.)


Rome, 4 octobre 1550.0000

Dans ta dernière lettre, tu m’avisais que tu allais venir à Rome et qu’avant de partir tu attendais un mot de moi. Sitôt celui-ci reçu, prends la poste. Je pense que tu sauras où trouver, à Rome, ma maison ; elle est en face Santa-Maria de Lorette, près du Macello dei Corvi.

0000(Arch. Buonarroti.)


Rome, 20 décembre 1550.0000

J’ai reçu les mazzolini, c’est-à-dire 12 fromages. Ils sont bien beaux, j’en donnerai aux amis et à la maison. Mais, comme je vous l’ai déjà écrit, ne m’envoyez rien que je ne vous le demande, et surtout rien qui vous coûte de l’argent. Quant au choix de ta femme, je ne sais plus que te dire, sinon que tu ne regardes pas à la dot, — car les dots sont toujours meilleures que les gens. Ne regarde qu’à la noblesse, à la santé, et plutôt à la bonté qu’à autre chose. Quant à la beauté, n’étant pas toi-même le plus beau garçon de Florence, tu n’as pas trop à y prétendre. Qu’il suffise que ta prétendue ne soit ni boiteuse, ni estropiée, ni laide. Rien d’autre à dire sur ce sujet.

J’ai reçu, hier, une lettre de messer Giovan Francesco, qui me demande si je n’ai rien qui ait appartenu à la marquise de Pescara. Je voudrais que tu lui dises que je chercherai et que je lui répondrai, samedi prochain, encore que je croie ne rien avoir, parce que, quand je fus malade, hors de chez moi, on m’enleva beaucoup de choses. J’aimerais bien que tu connaisses quelque