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Page:Michel-Ange - L’Œuvre littéraire, trad. d’Agen, 1911.djvu/239

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APPENDICES

STANCES

Nuovo pracer e di maggiore stima…
I

Un autre genre de plaisir qu’il faut priser bien davantage, c’est de suivre des yeux ces chèvres hardies qui vont grimpant et paissant çà et là sur la pointe escarpée des rochers. Le pâtre, tantôt assis, tantôt errant dans la plaine, fait résonner son instrument agreste, et chante des vers, sans art, où il exhale les tourments de son âme ; tandis qu’avec un air dédaigneux, son insensible bergère repose sous un chêne, auprès de son troupeau.


II

Tel est encore le coup d’œil qu’offre sur l’éminence cette cabane rustique, recouverte de chaume. Ici l’on dresse une table ; là, sous le roc avancé, s’allume un brasier ardent. L’un soigne et nourrit le porc qu’il agace, l’autre assujettit sous le bât l’ânon encore novice ; et le vieillard, assis au seuil de sa porte, jouit à la fois des travaux de son industrieuse famille et des bienfaisants rayons du soleil.


III

Leur visage montre à découvert ce qui se passe en leur âme : on y voit une paix que ne troublent ni l’ennui ni la haine. Ils vont, pleins de gaieté, labourer leurs collines ; et la nuit seule les ramène au foyer. Leurs portes n’ont point de verrous ; exempts de crainte, ils laissent leur maison ouverte à la fortune ; et, rassasiés de glands après leurs longs travaux, ils cherchent et trouvent sur la paille un tranquille sommeil.


IV

L’envie n’habite point sous leur chaume, l’orgueil en est banni. Ce qu’ils désirent le plus, c’est une verte prairie où l’herbe croisse plus riante et plus fraîche. Une charrue est leur trésor ; un soc, leur plus précieux joyau. Ils ont des paniers pour buffet, et des vases de bois au lieu de coupes dorées.


V

Stupide avarice ! êtres abjects qui abusez des biens de la nature ; vous qui, pour acquérir de l’or, des provinces ou des empires, ne consultez jamais que votre orgueil : la mollesse