Page:Michel - Contes et légendes.djvu/15

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qu’elle durait. Quelquefois, en ayant pris beaucoup pour commencer, elle s’endormait pendant longtemps, à la manière des serpents et des lézards.

La forme des vêtements lui était indifférente, d’homme ou de femme, peu lui importait ; mais elle aimait beaucoup les garnitures, surtout quand il y avait des choses qui brillent.

Les enfants méchants lui offraient parfois des vêtements ornés de grelots et d’autres choses ridicules ; mais, s’ils avaient le malheur de rire, Chéchette leur jetait leur présent à la figure ; souvent même elle devinait leur mauvaise intention sans qu’ils eussent besoin de rire, car elle avait l’instinct fort développé.

Ceux qui ont vu les statuettes grimaçantes du moyen âge peuvent se faire une idée de Chéchette.

Elle était horriblement boîteuse et tellement borgne que son œil gauche avait presque disparu.

Sa bouche, largement ouverte, laissait passer toutes les dents à la manière de l’orang-outang — ou du gorille.

Ses mains, énormes, noueuses et velues, ses larges pieds, l’épaisse crinière de cheveux roux qui descendait presque jusqu’à ses sourcils, tout en elle rappelait les plus vilains gnomes, les plus hideux singes.

Cet être-là s’attachait, elle aimait comme un chien ; il est vrai qu’elle eût mordu de même.

Elle ne revenait jamais de ses sympathies ni de ses antipathies.

Quant aux animaux sauvages, ils n’avaient jamais atta-