Page:Michel - Contes et légendes.djvu/24

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blouse, et se cacha derrière l’arbre, dans un fourré fort épais où il s’était ménagé une entrée en cas de surprise.

Il vit les chasseurs s’arrêter, et à la lueur des torches de résine, l’avare, épouvanté, distingua le poil du dos des chiens horriblement dressé ; leurs yeux semblaient pleins d’épouvante, et ils flairaient sans cesse de tous côtés. Les chevaux avaient même les crins hérissés.

À ce moment, une trompe lointaine sonna l’hallali : chevaux, chiens, chasseurs, se précipitèrent de ce côté.

Mathieu entendit craquer les branches, et les pieds des chevaux frapper le sol, dans un galop effrayant.

C’était bien réellement, pensait-il, le Grand-Veneur ou Robin-des-Bois.

Le vieil avare avait eu si peur, qu’il se croyait au moment de la mort.

Mourir, pour lui, c’était quitter son trésor. Mais, contre son ordinaire, il avait autant de frayeur pour sa vie que pour son or ; car le danger était imminent.

Lorsque le bois fut redevenu silencieux, il se hasarda à sortir de sa cachette, emportant son or, dont il ne voulait plus se séparer, quelque danger qu’il crût avoir à le conserver auprès de lui.

De retour dans sa maison, une sorte de masure toute en ruine, vraie demeure de hiboux et d’avare, il se coucha glacé d’effroi, tenant toujours dans ses bras le vieux pot qui contenait le bas plein de pièces d’or.

La frayeur l’avait brisé ; n’étant plus soutenu par la nécessité de fuir, il resta sans connaissance dans son lit.

Depuis deux jours, personne ne voyait le père Mathieu ;