Page:Michel - Contes et légendes.djvu/27

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comme il était déjà vieux, on pensa qu’il pouvait être malade ou mort, et des voisins vinrent frapper à sa porte, qu’il avait barricadée solidement en rentrant.

Ne recevant aucune réponse, les voisins allèrent trouver le maire.

Celui-ci mit son écharpe, beaucoup trop courte pour lui, parce que son prédécesseur était extrêmement maigre et lui extrêmement gros ; mais à l’aide d’un bout de ficelle il parvint à la consolider. On amena le serrurier pour ouvrir la porte, les membres du conseil pour servir de témoins, et on procéda à l’ouverture.

Ce n’était pas le tout de faire jouer une clé dans la serrure ; il y avait, derrière la porte, une barricade de meubles. On pensait que Mathieu était devenu fou, et, n’entendant rien, qu’il s’était pendu.

Une heure passa à déranger les vieux bahuts entassés derrière la porte, après quoi on découvrit Mathieu, couché, pâle et froid.

On pensa alors qu’il aurait fallu amener le médecin ; mais pendant qu’on allait le chercher, le maire, ayant soulevé la couverture pour savoir si le cœur de Mathieu battait encore, sa main fit remuer le pot et un grognement sortit de la gorge de l’avare.

On avait, en effet, touché le cœur.

Alors tout fut découvert ; Mathieu revint à la vie.

Il se garda bien de raconter son aventure du bois ; mais on avait vu son trésor. Ne pouvant plus le garder chez lui, il se décida à le placer où il lui rapporterait le plus et sûrement.