Page:Michel - Contes et légendes.djvu/56

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Les armoiries portaient un chardon d’azur sur champ de gueules, autrement dit un chardon bleu sur fond rouge. Les supports avaient de si longues oreilles, tout lions qu’ils étaient, qu’on voyait l’âne sous la crinière des fauves.

« Ce sont des lions d’Arcadie », avait dit en riant le peintre ; et comme Monsieur le marquis de Pouffard voulait le payer généreusement, il s’excusa, en disant qu’il avait été trop heureux de rendre service à un aussi éminent personnage. En vérité, c’est qu’il voulait bien se moquer de lui, mais qu’il ne voulait pas le voler, ce qui en effet eût été fort différent.

Le complaisant peintre s’offrit en outre à peindre partout les armoiries de Monsieur le marquis, ce qu’il fit consciencieusement depuis le dessus de la porte du château jusqu’à celui de la cabane aux lapins.

Monsieur le marquis et Madame la marquise rayonnaient.

Quant aux armures et autres objets de ses ancêtres achetés chez les antiquaires, c’était bien autre chose ; il y avait de tout.

Une longue broche lui avait été vendue pour une épée antique, elle avait, disait-il, appartenu au plus vaillant de ses ancêtres.

Il avait de vieilles croûtes, peintes à l’huile vers la fin du XVIe siècle, et qu’il disait être les portraits de ses arrière-grand’mères faits au temps des croisades. Or, à cette époque, Jean de Bruges, qui inventa la peinture à l’huile au XVIe siècle, était loin d’exister[1].

  1. D’autres attribuent l’invention de la peinture à l’huile non seulement à jean Van-Eyck, dit Jean de Bruges, mais encore à son