Page:Michel - Contes et légendes.djvu/62

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pourraient s’accoutumer à une élève dont la principale occupation est d’enfiler des perles.

Madame de Pouffard, suffoquée d’étonnement et de colère, répondit qu’elle allait réfléchir, et, comme à son ordinaire, sortit en fermant la porte avec fracas.

C’était son argument le plus fort.

Le marquis de Pouffard, interrogé, répondit que dans toutes les grandes familles, l’éducation des filles regardait la mère ; qu’il n’avait donc pas à s’en occuper.

Et pour se soustraire aux importunités de Madame son épouse, il prit son fusil et s’en alla chasser dans ses terres.

Le marquis de Pouffard visait assez bien ; il aimait à tirer l’oiseau qui vole avide d’espace pour ses ailes ; peu lui importait les gémissements du nid.

Bien des gens ne comprennent pas, et ils ont raison, que le plomb serve à autre chose qu’à détruire des animaux malfaisants.

Le marquis de Pouffard avait autre chose à penser. Il commençait à s’ennuyer de la solitude et méditait des fêtes et des chasses qui fissent parler de lui fort longtemps dans tout le pays.

En effet, on ne devrait pas l’oublier, car on en rit encore. Le marquis fit donc prendre de nouvelles informations ; et ayant acquis la certitude que lui seul était titré dans la contrée, il résolut de choisir le meilleur de ce fretin et de lancer des invitations dans le grand monde de Paris.

C’était justement l’automne, saison des chasses ; on devait pendant huit jours explorer ses bois, et tous les soirs on