Page:Michel - La Commune, 1898.djvu/107

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Ils trouvèrent au rendez-vous soixante-quinze hommes armés.

La petite troupe ayant le mot d’ordre s’improvisa patrouille, répondant aux autres patrouilles qui auraient pu les rencontrer dans leur entreprise. Un caporal avec deux hommes vinrent les reconnaître et, satisfaits, les laissèrent passer.

Le coup de main ne pouvait réussir que très rapidement exécuté.

Les premiers douze hommes devaient désarmer le factionnaire, les quatre suivants s’emparer du gardien de la petite porte vitrée.

Trente autres devaient se précipiter dans le corps de garde, se mettre entre le râtelier aux fusils et le lit camp où était couché la garde et la mettre en joue pour l’empêcher de faire le moindre mouvement.

Les autres vingt-cinq devaient monter le rond-point, s’emparer des gardiens, au nombre de six, se faire ouvrir la cellule de Flourens, où ils les enfermeraient, descendre rapidement, fermer à clef la porte vitrée qui donne sur le boulevard et s’éloigner.

Ce plan fut exécuté avec une précision mathématique.

« — Il n’y eut, disait Cipriani, que le directeur qui se fit un peu tirer l’oreille ; mais, devant le revolver braqué sur son visage, il céda et Flourens fut délivré. »

Après Mazas, la petite troupe, qui commençait par des triomphes, alla sur la mairie du XXe dont Flourens venait d’être nommé adjoint, ils firent sonner le tocsin et, à une vingtaine, proclamèrent la Commune ; mais personne ne répondit, croyant à un guet-apens du parti de l’ordre.

À l’Hôtel-de-Ville, les membres du gouvernement tenaient une séance de nuit ; il eût été possible de les y arrêter.

Flourens, dans sa prison, n’avait pas vu l’impor-